Jouons avec le cadavre du marketing littéraire (part.1)


Aujourd'hui : "S'y connaître en déglingue" selon Bibliobs.


Lu ce matin, cet article de Bibliobs à propos d'Atticus Lish, "grand prix de littérature américaine 2016", où l'auteur est décrit en ces termes :
"Fils de l'immense éditeur Gordon Lish, qui avait joué un rôle clé dans le succès de Raymond Carver, Atticus Lish s'y connaît en déglingue. Il a laissé tomber Harvard, travaillé ici et là, et s'est engagé dans les marines avant de retourner finalement à Harvard, pour se marier avec une maîtresse d'école sud-coréenne."
Deux phrases expliquant qu'un homme "s'y connaît en déglingue" car il est le fils d'un éditeur de renom, qu'il a étudié à deux reprises dans l'une des plus prestigieuses universités du monde ($50.000 l'année, selon Wikipédia), qu'il a fait l'armée de son plein gré, puis épousé une femme éduquée. À ce tarif-là, on se demande comment ce "journaliste" qualifierait un réfugié syrien traqué dans les rues de Paris, un junkie philippin illettré, une famille de Roms expulsée de son squat en hiver, ou, je ne sais pas, une ado prostituée fan de punk. Docteurs ès déglingue ? La question est posée : pourquoi faut-il que journalistes littéraires et quatrièmes de couverture s’entêtent à faire passer les auteurs pour de grands brûlés de l'existence, en dépit même de tout bon sens ? 

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